Lorsqu’une solution EPM (Enterprise Performance Management) est déployée, l’attention se porte d’abord sur la réussite du projet et l’adéquation aux besoins métiers. Pourtant, pour en garantir la durabilité et maximiser le retour sur investissement, un levier reste trop souvent sous-estimé : la gouvernance.
Dans un environnement où la planification connectée réunit de nombreux services autour d’une même plateforme, la gouvernance devient essentielle pour éviter un retour aux silos. C’est là qu’intervient le Centre d’Excellence (CoE), structure transverse qui associe expertise, coordination et vision long terme.
Décryptage d’un modèle qui transforme la complexité en valeur partagée.
Le Centre d’Excellence un concept issu des années 80
Le concept trouve ses racines dans le Lean management, une approche d’amélioration continue développée dans les années 80, ayant pour fondation la standardisation des processus, la montée en compétence, la maximisation de la valeur et l’apprentissage organisationnel. Transposé au monde informatique, les principes ont été adoptés sous différentes formes (Lean IT, Agile, DevOps etc…) dans le but d’accélérer les cycles de développement et favoriser la collaboration. La notion de Centre d’Excellence s’inscrit dans cet héritage et peut être défini comme une structure organisationnelle dédiée à l’optimisation des processus, à l’innovation et à l’amélioration continue.
Piloter, harmoniser, faire progresser : la triple mission du Centre d’Excellence
Le CoE se doit en premier lieu d’assurer la gouvernance fonctionnelle de la solution.
Dans le contexte d’une plateforme EPM, il va dans un premier temps, chercher à stabiliser une première application et en faciliter son adoption par les utilisateurs. Il porte alors le rôle de référent en matière de bonnes pratiques et de standardisation et promeut la montée en compétence interne des collaborateurs.
À mesure que les cas d’usage se multiplient, le CoE garantit la cohérence des processus entre eux et avec les objectifs stratégiques de l’entreprise.
Il veille notamment à l’unicité des données et des référentiels, à l’harmonisation des méthodes métier, et à l’optimisation de l’architecture et de la performance du système.
Centralisation et diffusion des bonnes pratiques
Véritable point de référence pour la documentation et la capitalisation des connaissances, le CoE pilote la formation et l’acculturation des collaborateurs aux nouvelles technologies, encourage la multiplication des cas d’usage et met en réseau les experts et les équipes métiers pour favoriser le partage d’expérience.
“Fail fast, fail small, learn quickly”
Le CoE encourage l’expérimentation rapide. Il développe des Proofs of Concept (POC) à petite échelle pour tester des innovations avant de les généraliser. Cette approche réduit les risques et les coûts en identifiant les défis techniques et fonctionnels en amont et facilite l’adhésion des parties prenantes grâce à sa capacité à démontrer les bénéfices du projet. Elle optimise également l’allocation budgétaire en évitant d’investir massivement dans une solution non viable.
Mise en place d’un CoE – Start small, think big
Il existe plusieurs niveaux de maturité du CoE et il est possible d’aborder sa mise en place de manière pragmatique en adoptant une approche évolutive adaptée à l’utilisation de la solution dans le temps.
Plutôt que de viser d’emblée un comité complet, il est conseillé d’adopter une démarche agile et évolutive en privilégiant une montée en charge progressive afin de créer rapidement de la valeur tout en préparant une extension ultérieure. On privilégie un déploiement rapide centré d’abord sur les missions prioritaires (gouvernance, formation, support), puis on élargit progressivement le champ d’action au fil de l’évolution des usages.
Centralisé, décentralisé, hybride : quel modèle pour un CoE ?
Différents types d’organisation peuvent être envisagés avec chacun leurs avantages et inconvénients.
Avec une approche centralisée, le CoE est géré par une équipe unique et agit comme une autorité centrale qui supervise et contrôle l’ensemble des initiatives liées à son domaine. Le pilotage, la formation et l’expertise sont regroupés en un point unique, assurant une cohérence stratégique, une standardisation des pratiques et une mutualisation des ressources. Elle peut toutefois manquer de souplesse pour répondre aux spécificités locales, et ralentir l’adoption des initiatives.
A l’inverse, une approche décentralisée distribue la gouvernance dans plusieurs équipes ou services, laissant une certaine autonomie où chaque entité peut adapter les pratiques en fonction de ses besoins spécifiques. La prise de décision est plus locale, favorisant l’adoption et l’implication des équipes et offrant plus de flexibilité et de réactivité mais peut présenter des risques d’incohérences et complexifier le partage des bonnes pratiques.
De nombreuses organisations optent également pour une approche de gouvernance hybride avec un cadre central garant des standards et une exécution décentralisée qui permet à chaque entité d’adapter ces standards à ses besoins.
L’organisation du CoE peut évoluer dans le temps : un modèle centralisé peut s’ouvrir progressivement vers une gouvernance hybride, à mesure que les cas d’usage se multiplient. Ce choix dépend de la taille et de la culture de l’entreprise, avec un objectif constant : maximiser l’impact sans perdre en agilité. Gare toutefois à une décentralisation trop poussée, qui pourrait affaiblir l’efficacité du CoE.
Les rôles clés à embarquer dans un CoE
La composition d’un CoE varie selon le m ode d’organisation, mais doit refléter l’usage de la plateforme. Si le premier cas d’usage ne concerne qu’un périmètre restreint, le CoE peut débuter de manière limitée puis s’élargir ultérieurement. Un Centre d’Excellence performant inclut généralement : un code d’organisation, mais doit refléter l’usage de la plateforme. Si le premier cas d’usage ne concerne qu’un périmètre restreint, le CoE peut débuter de manière limitée puis s’élargir ultérieurement. Un Centre d’Excellence performant inclut généralement :
- Un sponsoring exécutif à travers le soutien de la direction qui légitimera l’initiative et assurera son alignement avec les objectifs stratégiques.
- Une équipe dédiée avec des représentants métiers garants de la cohérence fonctionnelle et des experts techniques pour la maintenance et l’évolution des solutions.
- Un chef de projet pour assurer la coordination et le suivi des initiatives.
- Des partenariats transverses en collaboration étroite notamment avec les équipes IT, pour faciliter la collaboration interdisciplinaire et assurer l’adoption des pratiques.
Le CoE ne doit pas devenir un organe bureaucratique supplémentaire. Il doit être agile et autonome afin de s’adapter rapidement aux besoins des utilisateurs et devenir un véritable partenaire stratégique.
Le CoE, catalyseur de valeur
Le CoE joue un rôle central dans la pérennité des plateformes EPM, en assurant leur adaptation continue aux évolutions de l’entreprise et de ses usages. En alignant processus métier et innovations technologiques, il maximise l’efficacité des outils tout en facilitant leur adoption par les équipes. Structuré autour d’une équipe dédiée et agile, il devient un véritable levier d’innovation, garant de la cohérence et de la valeur durable de la solution. En renforçant l’agilité et en stimulant l’innovation à travers une gestion cohérente, le CoE s’impose ainsi comme un catalyseur de valeur des plateformes EPM.
